Marie Naudascher
Comment et quand est née l’idée de l’exposition « les amis imaginaires » ?
L’idée de l’exposition « les amis imaginaires » est née du désir de composer un univers onirique qui s’inspire de mes souvenirs de jeux d’enfants. Le principe en était de composer un territoire mystérieux, entre réalité et rêverie, visible et invisible. Je souhaitais travailler sur des rebuts, des éléments abandonnés et des murs fanés…. J’aime ce processus qui me permet de prendre un objet inerte au sol et de le transformer en une créature flottant dans l’espace. L’espace et la voute céleste sont des éléments essentiels dans la plupart de mes créations, ce spectacle universel m’a toujours fasciné.
Quel est votre parcours ?
Je suis un autodidacte. Il y 3 ans j’ai ressenti de nouveau le besoin et le plaisir de photographier. Cela m’est devenu nécessaire. Je ne peux l’expliquer. J’imagine une multitude d’êtres qui nous entourent, nous regardent, et rient de nous. C’est aussi pour cela que j’ai voulu revenir à l’enfance et à ces moments où l’imagination permet de transformer tout ce qui nous entoure selon sa fantaisie.
Mon travail repose à ce titre sur la paréidolie, ce stimulus visuel qui permet à chacun d’interpréter ce qu’il voit, comme lorsque l’on contemple des nuages et qu’on y devine une forme reconnaissable.
Cela correspondait exactement à mon désir de laisser le spectateur libre de se les approprier. Un exercice d’équilibriste. Donner à voir sans être directif.
Pourriez-vous me décrire le processus de création de l’une de vos œuvres ?
Il y a plusieurs étapes dans ce processus.
D’abord, débusquer mes sujets : La plupart sont des citadins, nombreux sont éphémères. Vous avez alors récolté une créature, un fragment d’outre monde, emporté soigneusement une présence mais aussi une absence.
Le processus de la métamorphose peut commencer.
Je commence seul avec mes outils, mes logiciels de retouche. Je varie les contrastes, modifie l’exposition, rectifie les reflets et les ombres…
Puis je collabore ensuite avec quelqu’un qui sait traduire techniquement ce que je veux. Ensemble nous affinons les formes, gommons des imperfections, modifions leur environnement, peaufinons les couleurs.
Ce à quoi j’abouti n’est plus une photo, peut être un dessin, une peinture, une création numérique. Après de nombreux tests, j’ai opté pour un papier mat et un verre sans reflet pour les sublimer, leur donner plus de profondeur. Je voulais le cadre le plus fin et délicat possible pour ne pas les entraver. J’ai opté pour de l’aluminium brossé pour les souligner. Les voilà imprimés. C’est une impression incroyable de les voir soudain s’animer sous mes yeux.
Celle qui vous tient le plus à cœur s’il y en a une ?
Je dirais que l’une en particulier symbolise mon travail. Au départ, j’ai pris en photo un lambeau de serpillère sale et déchirée sur un trottoir. Progressivement je l’ai transformé en une fée, en ma Cendrillon. La beauté peut être en toute chose.
Quel a été votre plus grand défi pour monter votre exposition ?
Mon plus grand défi fut de transformer une démarche personnelle en une exposition. Au commencement, l’idée de montrer mon travail ne m’avait pas effleuré. Je ne pensais pas que cela puisse intéresser d’autres personnes. Puis, j’ai montré quelques-unes de mes créations à l’un de mes ami et il m’a soufflé d’en faire une exposition. Peu à peu cette idée a fait son chemin et l’opportunité de pouvoir exposer avec l’un de mes amis photographes est apparue. C’était important de pouvoir partager cette aventure et de surmonter les difficultés ensemble.